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Réfugiés : repenser l'intégration


Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures pour préparer l'accueil de 24.000 réfugiés sur deux ans. Création de nouvelles places d'hébergement (oui, dans la 6ème puissance mondiale, on pouvait bien se douter que cela était possible...), aides jusqu'à 1000€ par logement trouvé aux communes et aux propriétaires publiques et privés.

Pas la peine, comme certains en ont pris l'habitude, de hurler au scandale en agitant le nombre de SDF en France : ceux-là au quotidien, hors joutes dialectiques, ne lâcheraient pas 10c pour dépanner les terrassés de la vie sur nos trottoirs, fussent-ils Gaulois depuis Clovis... Le problème, dans le fond, dans les deux cas, est identique : la volonté politique. Des milliards d'allègement d'impôts ont bien été lâchés en échange de pin's '1 million d'emplois' estampillés MEDEF (ils en rient encore, merci). À nous, opinions publiques, de jouer notre rôle et de faire pression sur nos dirigeants, via les associations, les pétitions, les réseaux sociaux et, bien sûr... les élections (ils comprennent fort bien cet argument en général) pour dire, pour faire la société dans laquelle nous voulons vivre. La nôtre.

Cela semble utopique ? Ma foi, puisque le politique nous déçoit un peu plus chaque jour par son opportunisme, sa navigation à vue, au lieu de nous enfoncer dans le désintérêt, l'aigreur ou le populisme, essayons de changer notre perception de la chose publique : le politique est là pour nous servir. Servir le bien commun. Pas pour nous diriger. Pas pour nous transformer en spectateurs des plans de carrière de tels Rastignac, Bel Ami et autres héritières.

Ceci posé, avant de donner satisfecit au gouvernement (il en aura mis du temps ! Il aura fallu que l'opinion découvre - s'intéresse ? - le drame qui se joue à nos portes via une photo insoutenable), la question qui vient ensuite est : et après ? Il se passe quoi, après ? Hébergés d'urgence, ces rescapés de la guerre syrienne, du chaos libyen, de la dictature érythréenne (que l'UE continue de financier, via le processus de Khartoum, soit dit au passage) vont-ils être lâchés dans le labyrinthe administratif français une tape dans le dos et " good luck " ? Car, pour ceux qui parlent, qui opposent, sans se renseigner sur les mille supposées aides apportées aux nouveaux arrivants, je conseille 'Le petit manuel du parfait réfugié politique' du dessinateur Mana Neyestani. Édifiant. En attendant l'acceptation - ou pas - de leur dossier (ce qui peut prendre jusqu'à deux ans. Deux ans !), les demandeurs ne peuvent travailler en France et ne touchent qu'une obole permettant à peine la survie.

Le but d'une telle lenteur est tacite mais évident : décourager les demandes.

Quelle meilleure invitation à la mendicité ou au communautarisme (débrouille entre soi), franchement ? Disons-le car, comment faites-vous pour vivre, concrètement, participer à la vie du pays ? On voudrait ralentir l'intégration qu'on ne s'y prendrait pas autrement ! Une réforme du droit d'asile vient de passer, certes, accélérant le traitement des demandes. Affaire à suivre (de près).

Autre questionnement : qu'en est-il de l'apprentissage de la langue ?

Absolue nécessité pour l'intégration, cela va sans dire. Ici, je voudrais livrer une anecdote personnelle. Souhaitant aider la femme étrangère d'un ami, je cherchais sur le net la structure officielle, dans sa ville, donnant des cours de Français gratuits aux adultes étrangers. Quelle surprise : un vrai parcours du combattant ! Vivant en Seine St Denis, elle aurait dû se rendre une dizaine de villes plus loin, 30 min de RER à travers des banlieues réputées peu sûres pour espérer trouver une place. À Paris intramuros ? Impossible, elle habitait en Seine St Denis, elle devait trouver des cours en Seine St Denis, point barre. Alors, pourquoi ne pas installer des antennes dans chaque mairie à forte densité d'étrangers (comme c'est le cas dans la majorité des villes du département cité) ? Des cours d'alphabétisation, de langue française, ouverts aux adultes. Tiens, Mr Macron s'interroge sur l'utilité des fonctionnaires : en voilà une, d'idée concrète ! Période de chômage ? De nouveaux postes indispensables à la pérennité de notre société à créer ! Des cours d'apprentissage de la langue mais aussi du civisme, de l'histoire française, de la laïcité. Mon amie ? Elle se débrouille toute seule, tant bien que mal et ne progresse guère.

Le légendaire sens de l'accueil tricolore, décidément, est bien mis à mal ces temps-ci...

On aurait pu penser que la création et le développement de nos banlieues (regroupement de fait des plus pauvres, des étrangers entre eux; développement du communautarisme et gouffre grandissant avec le reste de la société) serviraient de leçon aux gouvernants. Ils n'en prennent pas le chemin d'eux-mêmes, le nez piqué sur les sondages, sur la montée réactionnaire dans le pays (la suivant au lieu de la combattre). Pourtant, intégrer au plus vite ces abîmés du monde serait une nécessité absolue pour nous tous. Les aider, leur faire aimer la France (après un départ si... lent et peu enthousiaste), promesse d'enrichissements réciproques demain; faire redresser notre fierté nationale abîmée. Aux utilitaristes froids que l’humanisme laisse de marbre, j’ai envie de leur dire : enveloppés dans votre charabia ‘de souche’ etc…, vous ne voyez pas la force que peuvent apporter des gens qui ont toute une vie à refaire (pour peu qu’on les aide un minimum au moins) ? Même cela, vous ne le voyez pas ?

Car, la modernité d'un pays ne se mesure pas qu'à l'aune de ses résultats économiques mais également, surtout, à sa capacité à maintenir le bien-être global de ses populations (ancienne, nouvelle, mélangées, à venir).

Alors, assez d'annonces arrachées au forceps, du bout des lèvres : des actes, des mesures concrètes, des plans ! Accueil, intégration, remise à plat des priorités nationales ! Vite, avant que le pays ne se désintègre sous le poids des égoïsmes, des peurs, du populisme, de l'inaction et de l'apathie de ses dirigeants. C'est maintenant ou bien, nous irons au drame.

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