Migrants de La Chapelle : la gauche dénaturée
- MIGRANTS DE LA CHAPELLE : LA GAUCHE DÉNATURÉE, LA RÉPUBLIQUE QUI PERD SES VALEURS.
Spectacle affligeant donné encore ce jeudi 11 juin par les autorités. Par un gouvernement de gauche, par une mairie de gauche s'appuyant sur la préfecture de police pour 'gérer' le 'problème des migrants'.
Les CRS versus des gens perdus, qui ne parlent pour la plupart même pas la langue mais, cherchent juste un toit de secours, pour... survivre, tout simplement !
Reprenons le début du fil, essayons de remettre de la perspective dans ce qui ne s'avère même pas être un 'cafouillage' (La Chapelle, la halle Pajol, la caserne Château Landon, ça commence à faire beaucoup, quand même...) mais bien une logique hypocrite d'une gauche dénaturée, d'un pays qui perd l'essence qui a fait sa force. Depuis le 19 avril et l'hécatombe en Méditerranée qui a vu presque 1000 personnes tentant de fuir massacres, chaos, famines ou dictatures périr sur une épave lancée par des passeurs mafieux, la lumière médiatique est portée sur les tentatives d'entrée de ces gens désespérés dans la forteresse européenne. Les autorités, après avoir soutenu l'Union Européenne et la mise en place de son système 'Triton' de surveillance de ses frontières (principalement) et de secours aux naufragés (secondairement, pression médiatique de Lampalusa oblige...), après avoir déploré, regretté, pleuré le nombre de vies humaines perdues et promis aux enfers ces satanés passeurs (petit rappel : ils sont la conséquence prévisible, la suite logique d'un mécanisme, pas la cause. Juste comme ça...), ces mêmes autorités ('de gauche') de sembler considérer les rescapés parvenus sur le sol français (pas particulièrement de ce naufrage-là, médiatique, mais d'un autre identique, juste moins meurtrier) comme des délinquants.
Des délinquants, dis-je : voici un vocabulaire presque trop prudent. Comme des rats ! Comme des parasites !
Car, objectivement : c'est bien ainsi qu'ils ont été traités ! Abandonnés à leur sort sur les trottoirs du quartier parisien de La Chapelle, dans les odeurs d'urines, le bruit de la ligne 2, les rongeurs, les cafards, le froid, hommes, femmes, nourrissons, femmes enceintes, à même le sol, sans aides autres - pendant des mois ! Paris 2015 ! Ancien Pays des Lumières ! - que celles d'associations ou de riverains généreux (pour 'l'Etat providence' canonné par beaucoup, il faudra en donner la définition rafraîchie car, là, ce n'est pas flagrant...), abandonnés par une gauche qui n'avait que le mot 'humanisme' en bouche pour se faire élire mais en a vite oublié le sens dès les postes convoités obtenus.
Quelques écolos sans pouvoir, des frondeurs dehors-dedans-dehors-dedans (on ne sait plus bien), une extrême-gauche au rendez-vous, certes, mais qui se décrédibilise elle-même par ses outrances (d'où l'absence de résultats équivalents, dans les urnes ou les esprits, à ceux d'un Podemos espagnol ou d'un Syriza grec), une opinion chauffée à blanc par l'absence de résultats sur le front économique, du chômage, du pouvoir d'achat; une droitisation des esprits, lente, sûre, de la population. Une Le Pen dans le peloton de tête des sondages, un Sarkozy bien oublieux de son bilan qui fait braquage sur la République (aux prochaines casseroles - prévisibles, qui sera affaiblie en premier, sinon ladite République prise ainsi nominativement en otage ?), une UE qui semble mener désormais le bal avec ses hommes en gris : où est la gauche ? Que peut-elle ? Existe-t-elle ?
Personne ne sait plus, l'actuelle est une gestionnaire, sans plus.
Une gestionnaire soumise à des règles libérales faisant, parfois, occasionnellement cadeaux par-ci par-là (in memorium...) Ses électeurs cornus se perdent en conjectures et ne se reconnaissent plus... nulle part. L'aigreur, la méfiance, la colère gagnent. Il paraît bien obscène de parler partis et idées politiques ici, face à la misère et l'abandon totaux mais, finalement non. Car, c'est désormais le seul vocabulaire qu'ils comprennent, nos dirigeants. Parlez-leur des futures élections et, ils tendront oreille (triste France) ! À qui veut faire pression, cynique cynique et demi.
Ils les perdront, leurs chers postes avec chauffeurs et avions officiels le temps d'une escapade familiale, s'ils trahissent ainsi tous leurs électeurs et leurs valeurs (aux électeurs) ! Ils perdront tout et, ce ne sera que Justice !
Car ce qu'ils ne voient pas, les sondeurs des dirigeants, c'est la réaction des Français, qui se replient sur leur cocon familial, certes, sur leur quotidien, paraissant indifférents à tout sauf à leurs fiches d'impôts, se tenant comme des chenilles emprisonnées, statiques, indifférentes au reste du monde mais, mais : pas complètement insensibles, en fait. Au moment des élections, ils se souviendront de ces images d'êtres humains au bout du rouleau ayant survécu aux dictatures ou chaos créées par nous, aux mafias, à la colère maritime, puis brutalisés, méprisés, manipulés par nous !
Ils s'en souviendront, au moment de voter, de cette lâcheté, de ce nouveau visage du pays qu'ils auront contribué à dessiner.
Les migrants, dont on se réjouissait de la survie en mer il y a quelques mois, chassés brutalement de La Chapelle (raisons d'hygiène et de nuisance évidentes, certes mais, pas comme ça...), les mêmes violentés à la halle Pajol (où ils avaient trouvé refuge puisque, depuis, aucune solution sérieuse d'hébergement, hormis à des centaines de kilomètres de Paris, de la préfecture, des associations). Et désormais, la caserne insalubre et désaffectée du Xème (encouragés par le NPA pour obtenir enfin réponses concrètes).
Ils s'en souviendront, vos électeurs, messieurs-dames...
Hier soir, les migrants de la caserne Château Landon sont sortis, acceptant des solutions d'hébergement provisoire à Paris et à Nanterre. J'invite tout le monde à suivre la suite des événements. À vérifier les promesses tenues par les autorités publiques.
Car, n'est-ce pas, des autorités qui laissent femmes, enfants et hommes dormir dans le froid à même le sol pendant des mois et usent de la matraque quand ils considèrent que 'l'opinion' (qu'y comprennent-ils, désormais ? Rien. Paralysés par les seules qu'ils voient, craignent et comprennent : celles de droite et d'extrême-droite) en a assez... "Fermeté et humanité !", "Fermeté et humanité !", mots choisis par des communicants précieux, chèrement rétribués mais complètement déconnectés. Des autorités représentées par un secrétaire d'Etat usant des arguments faciles et creux d'un troll d'extrême-droite (" Prenez-les chez vous, alors !") pour répondre à une ancienne ministre appelant à plus d'humanité, bon...
À part les menacer pour leurs futurs postes, ceux-là... Rien ne semble plus leur causer ! Adaptons-nous, société !
Aux autres, aux républicains perdus mais encore curieux, j'ai envie de rappeler (ou apprendre) aussi le labyrinthe français de la demande d'asile en France, présentée souvent comme simple et porte ouverte aux aides sociales, 'pain volé des Français', etc... Une bonne bd, du dessinateur réfugié iranien Mana Neyestani, le 'Petit manuel du parfait réfugié politique' résume parfaitement ce parcours du combattant dans la jungle administrative qui peut durer.... des années sans revenus ni papiers (ni, donc, possibilité de travailler ou toucher des aides). Aussi choquant que les CRS de la halle Pajol, aussi déprimant sur l'état de notre société, de notre République; de notre 'Fraternité' encore inscrite sur nos frontons sans plus grande justification.
Cela tombe bien, ce gouvernement veut réformer le droit d'asile (actuellement le débat est bloqué par la droite...) pour raccourcir les délais d'attente (véritables volontés de découragement et de paupérisation forcée). L'occasion, encore, aussi, de juger le pouvoir sur ses actes. Sur ses choix de société pour la 6ème puissance mondiale.
Pour juger de ce qui relève du sophisme électoral ou de la conviction.
L'accueil, l'intégration forte et rapide, l'enrichissement dans ses valeurs conservées, la République, la chance réfléchie de l'immigration bien gérée et non politicienne, utilitariste; faire aimer la France.
Ou, le rejet, la société de la peur, de l'insensibilité, des boucs-émissaires, l'encouragement au pire, à la radicalisation, au communautarisme forcé; faire haïr la France.
Messieurs, mesdames : nous serons là pour vous juger, alors. Ne l'oubliez pas. Ne les abandonnons pas. N'abandonnons pas ces gens déboussolés en demande. N'abandonnons pas nos principes républicains à de simples carriéristes dénaturés qui, le moment venu, nous devront des comptes ! Rappelons-leur qui dirige ici : nous ! Nos valeurs ! Notre humanité ! Redonnons, enfin, sens aux trois mots qui ornent nos frontons officiels et représentent, toujours et encore, notre singularité à travers le monde et notre espoir d'un vivre-ensemble apaisé et réel !
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