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- TAFTA OU LA FIN D'UNE UTOPIE EUROPÉENNE.


Les négociations portant sur le traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union Européenne ont débuté en été 2013, sous l'acronyme TAFTA. L'enjeu n'est pas mineur : la création d'un marché de 800 millions de consommateurs, représentant 40% du PIB mondial. L'uniformisation entre l'UE et les États-Unis, dans ce but, de leurs normes sanitaires, environnementales, techniques, sécuritaires et, tant qu'à faire : sociales.

L'enjeu n'est pas mineur mais les conciliabules, eux, sont top-secrets.

Mr Alain Lamassoure, grand habitué de ces raouts européens en comité restreint, a déclaré pour justifier cette 'discrétion' : " Comme au poker, on garde ses cartes en main. " Sauf que nous ne jouons pas au poker ici mais, parlons bien de la société de demain. Le Parlement européen et les États-membres ont donné mandat à la Commission pour traiter en leur nom. Après la délégation de souveraineté des États-nations à Bruxelles, la délégation des récipiendaires de ladite souveraineté aux etc, etc... : bien malin le citoyen-lambda qui peut dire qui parle en son nom et décide de son futur et de celui de ses enfants ! Pour l'Europe des peuples, on repassera.

Les plus optimistes défenseurs du projet argumentent que les normes européennes et américaines, dans tous les domaines déjà cités, sont les plus évoluées du monde et ne peuvent, une fois uniformisées entre elles, qu'avoir un effet levier sur celles des autres. Pour éviter que celles, chinoises ou indiennes par exemple, ne deviennent le standard universel, mieux vaudrait que les Occidentaux imposent les leurs au plus vite. C'est rond, c'est gentillet mais paraît être une approche trop inconditionnellement atlantiste. Les normes européennes sont, évidemment, beaucoup plus protectrices que les américaines (santé, droit social, environnement, etc...) Qui peut sérieusement croire que les États européens, vu leur faiblesse actuelle, peuvent imposer - via des intermédiaires, en plus (la Commission et ses hommes en gris, inconnus qui parlent en nos noms) - quoi que ce soit à nos alliés historiques et anciens libérateurs ? Les mêmes parient sur une augmentation des exportations européennes, logique sur le papier. Sur le papier uniquement. Car, qui peut penser que la petite ferme familiale du fond de l'Aveyron qui produit bio pourra résister aux produits génétiquement modifiés provenant d'une ferme du Wisconsin de 200 hectares qui verra le marché européen totalement ouvert ? Soyons sérieux ! La fermette aveyronnaise, sa mort sera programmée, préméditée. Sacrifiée sur l'autel libéral.

Le sujet le plus inquiétant de ce traité (même s'il est difficile de les hiérarchiser) : un différend opposant un investisseur à un Etat pourrait, selon ce que prévoit le Traité, être arbitré par un tribunal privé. En somme, une multinationale (car, ce traité n'est finalement construit que pour elles) pourra attaquer l'Etat qui refuse de commercialiser ses produits.

Le monde marche sur la tête. L'ultra-libéralisme est le seul maître mondial désormais.

Déjà, en guise d'exemple, Phillip Morris a-t-elle attaqué l'Australie et l'Uruguay suite à leurs lois anti-tabac. La marchande de cancers réclame des milliards de dollars aux deux pays souverains. Prémices de ce qui attend demain l'Europe ? La France en particulier ? Par exemple, Monsanto et ses OGM, Monsanto et ses projets de breveter le vivant, pourra répandre ses produits où bon lui semble et briser toute tentative de résistance via la menace d'un procès. Idem pour une entreprise américaine spécialisée dans l'extraction du gaz de schiste.

Que le PS, les Républicains et les autres soient pour ou contre, peu importe ! Ils n'auront rien à dire. Ils n'ont plus, disons-le enfin, absolument aucun pouvoir ! Et là est bien le drame.

Après avoir été déléguée à l'Union Européenne, notre souveraineté (ne laissons plus ce mot tabou aux extrêmes, il s'agit ni plus ni moins de notre indépendance, de notre capacité à nous gouverner nous-mêmes, ce qui n'est pas rien !) sera éradiquée par des multinationales sans morale ni scrupules. L'Europe et les États qui la composent, réduits à une communauté de gens sans autre pouvoir que de façade, à une sorte de supermarché géant qui ne décide même plus de ce qu'il vend et se nourrit de bœuf aux hormones, de poulet au chlore et de maïs transgénique imbibé de Roundup.

Oups ! On s'éloigne du projet qui nous avait été initialement vendu !

Quoique, à y regarder de près... À la Libération en 45, les Américains, fatigués (et on les comprend) d'intervenir sur notre sol pour la deuxième fois pour arrêter nos massacres, ont poussé à la construction européenne sous la forme que l'on connaît. Est-il besoin de rappeler que Mr Monnet et Schuman étaient des agents de la CIA ? Point de théorie complotiste ici, les documents ont été déclassifiés et sont vérifiables. Un état de fait qui irritait alors grandement le général de Gaulle. On le conçoit volontiers. L'idée de départ, rappelons-le, était d'éviter que l'Histoire ne resserve les plats et que de nouvelles tragédies ne voient le jour en Europe. Pour faire simple, vider les États européens de leur substrat politique en les encourageant à déléguer leur souveraineté à Bruxelles (traité de Maastricht). Ça, ça a plutôt bien fonctionné, nous en sommes là.

Si les gens se cognent la tête face à notre classe politique actuelle, c'est simplement car elle n'a presque plus de pouvoir. Ils mènent, une fois aux manettes, peu ou prou la même politique, et pour cause (voir le traité de Lisbonne, refoulé à la porte, revenu par la fenêtre). Mais, puisqu'ils avaient la main, business étant business, les Américains ont dans le même temps fortement influencé la mise en place du Marché Commun européen. Et ce, dans le but d'écouler leurs biens plus facilement. Pas d'anti-américanisme dans mes propos. Chacun utilise ses forces, aux autres de se défendre et de faire de même. Ça s'appelle la politique.

Or, nous, niveau léthargie, nous nous posons là, les Européens.

TAFTA, s'il devait passer, paraîtrait donc comme la conclusion logique d'un projet démarré 60 ans plus tôt.

Le traité, s'il est signé, devra certes être ratifié par tous les parlements nationaux. Mais, sans être pessimiste de nature ni insultant envers les représentants de la nation, on peut craindre la pression alors des lobbys industriels (" l'emploi, l'emploi ! La croissance, la croissance ! ") Quand, enfin, l'Europe des peuples ? Pas pour demain (d'ailleurs, il sera trop tard, demain). Quand, enfin, les citoyens de tous les pays européens s'intéresseront-ils à ce projet effrayant, faussement réputé complexe afin de décourager les gens ? Quand signeront-ils les pétitions qui circulent, interpelleront-ils les dirigeants nationaux et européens ? Quand feront-ils entendre leur voix légitime - la seule véritablement légitime, d'ailleurs ?

Lisez, renseignez-vous, signez, protestez !

Faire pression sur les signataires est notre dernière arme ! Car les marchands de soupe internationaux et les élus qui veulent 'jouer au poker' craignent encore une chose : l'opinion publique. Déjà bien abîmées, ne laissons pas nos démocraties disparaître sous une forme inattendue mais plus menaçante que jamais : les forces de l'ultra-libéralisme absolu.

Repoussons-les. Repensons l'Europe (belle idée en soi mais, pas à n'importe quel prix).

Exigeons de connaître les alinéas et les engagements discutés ! Par amour de l'Europe, la vraie, celle de ses habitants ! Par amour de la liberté et de l'indépendance !

Levez-vous, mobilisez-vous ! Rappelons-leur qui est le seul maître ici : le peuple !

Car, l'inertie fait toujours le jeu des joueurs de carte. Loi Renseignement , écoutes de la NSA, directive européenne sur le secret des affaires, austérité imposée à tous par une logique autoritaire : les sujets paraissent différents mais, en fait, ils sont révélateurs d'une logique implacable. Alors, vite : reprenons la main ! Enfin, construisons une vraie Europe des peuples se battant pour ses intérêts humains et, non pour les multinationales milliardaires ! Donnons de la voix, agissons : bloquons TAFTA !

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