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Théo Wolf : le Pop Art anti-grisaille


Le petit d'homme, bouille sérieuse, pull de lutin, bras croisés, garde paupières closes, introspectif, sûrement en pleine bouderie face à des réprimandes externes. Derrière l'enfant, un ours gigantesque fixe le spectateur, dressé sur ses pattes, puissant, prêt à défendre le marmot têtu. En arrière fond, un paysage montagneux et désert, recouvert par la neige. Pas vraiment l'écosystème habituel du grizzli mais peu importe : le plantigrade doit tenir chaud et apporter assurance et volonté au gamin dans ce monde dangereux et aux traces perdues. Les couleurs bleutées du décor sautent aux yeux comme pour mieux les orienter ensuite, les prunelles, vers les teintes foncées de l'animal-totem puis au centre, le garçonnet à la fois fragile et fort, symbole plein de promesses, comme tous les gosses de l'univers... L'œuvre se nomme 'Inland'.

Le portrait tout en couleurs d'une belle femme (celle de l'artiste ?) : 'Karma'. Le sien, de karma, en rouge feu, est repérable principalement sur la zone allant de ses yeux lasers jusqu'à sa bouche pulpeuse rouge-passion. Autour d'elle, des traits blancs secs et en zigzag, énergies vitales en mouvement, qui ne sont pas sans rappeler les coups de pinceaux d'un Keith Haring (un hommage ?). Mélange astucieux et original du portrait réaliste en huile sur toile avec les codes du graff et du Pop Art. Des yeux lasers mais, qui visent qui ? Ils semblent s'immobiliser l'un l'autre, le gauche tirant sur le droit qui lui rend la pareille. Pour arrêter de voir ? Ce monde fou qui s'auto-détruit, qu'elle ne supporte plus, comme beaucoup d'entre nous, d'observer s'enfoncer ? Ou peut-être, lecture plus intime, l'artiste souhaite-t-il à coups de rayures tenir à distance de lui-même et de ses secrets ce regard par trop perçant, inquiétant à force de pertinence ? Trop de lucidité fait peur, souvent... Diverses interprétations. Un équilibre à trouver, conserver.

Magie de l'Art qui fait réfléchir sur l'état de la société et se questionner sur soi, en ces temps de fanatisme consumériste et de retour à l'obscurantisme intellectuel, à l'abandon désabusé.

'The Game' explicite d'ailleurs les intentions de ce peintre portraitiste qui garde l'anonymat et joue du pseudo pour ne concentrer l'attention que sur ses œuvres atypiques. En cette période d'ego-trip désespérée, voici qui est rafraîchissant. Torse nu, le personnage présente une partie du visage avalée par l'avertissement géant : - It's not a game. L'homme (l'artiste ?) tient dans sa main un tube de peinture turgescent un brin phallique. L'Art, le besoin de s'exprimer, de décrire le monde à sa façon, ne sont pas des passe-temps : ils sont vitaux, aussi indispensables et constitutifs à l'homme que ses attributs intimes.

'Hybrid III', un jeune homme à la fois tourmenté et recouvert de couleurs flashy (pour la partie supérieure du corps du moins). Confusion dans une société folle ? Trouble identitaire ? Les tonalités vives de la toile font balance avec le regard triste du garçon. Car les œuvres du portraitiste gardent leur mystère, et donc leur aspect fascinant. Des explosions de bleu, de rouge, de jaune et, pourtant, un petit quelque chose, comme un simple regard parfois, de dramatique, toujours. Comment ne pas penser à l'époque ? Lourde, pleine d'incertitudes et pourtant, nous devons continuer de lui donner de jolies pastels vives, pour notre moral, notre vie quotidienne, notre espérance, tout en gardant les yeux lucides, ouverts.

Parfois, dans cet entre-deux mi-réaliste mi-onirique : la joie pure et simple. 'Alice's Dreams'. Un envol magique de plumes multicolores, d'ibis roses, de pies noires et blanches, d'oiseaux exotiques bariolés, surgissant de derrière les lunettes solaires d'une fillette rêveuse à l'air espiègle.

Les enfants, eux seuls peuvent encore l'exprimer, cette joie pure et simple. Nous autres, comme Théo Wolf l'exprime si bien, sommes désormais condamnés à composer. Ce n'est pas grave. C'est même beau lorsque c'est montré sous son pinceau.

Les toiles de Théo Wolf seront présentées le 10,11,12 avril au salon Art3f de Lyon puis à partir du 23 avril 2015 à la galerie In Arte Veritas

On FB : Théo Wolf

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