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Lëk Sèn : citoyen du monde


Le gosse sénégalais turbulent ne s'est pas assagi : il a simplement trouvé sa voie en utilisant l'autre, de voix.

Une voix puissante, rauque, virile qui, lorsqu'elle résonne, si on ferme les yeux, parvient à faire ressentir même à ceux qui n'en ont jamais foulé le sol toute la majesté et la fierté de l'Afrique.

L'histoire douloureuse, aussi, que l'on perçoit alors presque physiquement, sans même rien entendre à la langue wolof, lorsque le timbre du chanteur, entre deux percussions, se voile soudain, s'adoucit comme forcé, comme pliant sous le poids d'une mélancolie voire d'une nostalgie irrépressible.

La chair de poule alors, les larmes aux yeux peut-être même, pour ceux qui n'ont pas encore, comme il est de bon ton désormais, complètement cloisonné leur sensibilité.

Car que l'artiste (qui habite en France depuis 8 ans, écume sans relâche toutes les scènes européennes depuis des années) chante en anglais ou dans sa langue natale, l'effet produit est toujours le même : il vous saisit aux tripes, à force de crier les siennes depuis son micro.

Son dernier album, "Jaam Dong" ("seulement la Paix"), résume déjà dans son titre toute sa philosophie. En ces temps troublés, se laisser porter par des textes humanistes n'est pas mauvais...

Pas le même pays, pas le même continent ? Une autre histoire, une autre couleur de peau ? Une religion, une langue différentes ? Lëk Sèn balaie ces différences en présentant son répertoire qui appelle à la tolérance, à la compréhension de l'autre, nous rappelant à tous notre vraie nature : nous ne serons jamais et pour toujours que des gosses vieillis. Et les gamins, n'est-ce pas, dans le fond ils sont tous pareils. Ils ont des rêves, des envies de bonheur, de tranquillité joyeuse.

Le félin trentenaire, tout citoyen du monde qu'il est, n'oublie pas ses racines pour autant et présente un autre album, en parallèle, "Hope Inna Afreeka", dont les bénéfices serviront à 100% au financement d'une école à Ngor, son village natal.

Musicalement, est-ce de la World Music ? Cette catégorie peut faire tiquer, à force d'être utilisée à tout va. Le Reggae, bien entendu, est l'influence majeure. Mais, débarrassé de ces codes Jamaïcains que beaucoup se sentent obligés d'adopter par mimétisme et qui, parfois, les ridiculisent plus qu'ils ne les crédibilisent. Certains parlent d'Afro-Blues, d'Afro-Beat, de Folk même. Un mélange, sûrement; une pincée de ceci, une poignée de cela.

Les cases sont faites pour ranger des produits. Pas des artistes.

Découvert sur le réseau Soulville (pépinière de talents, principalement Hip-Hop), j'avais hâte de le voir en live. Je ne fus pas déçu. De passage pour un show-case à la Bellevilloise à Paris voici quelques jours, Lëk Sèn m'a apporté la preuve de sa générosité et de son charisme sur scène.

Il sera en concert au Gibus le 07 février. Aucun doute que le bonhomme, alors que la cité sombre dans la sinistrose, saura encore une fois secouer positivement les âmes des spectateurs. Leur redonner espoir en parlant avec son cœur, tout simplement.

En concert le 07 février au Gibus, Paris 11

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