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'Fictions' Erwann Tirilly : jeux de miroirs

Un visage indistinct, des oreilles de Mickey posées sur le crâne. Les traits sont flous; on devine pourtant l'irritation voire la colère. D'être ainsi surpris grimé ? De devoir prétendre, même lorsque l'envie n'y est pas ? Rire, toujours et encore, de tout, surtout de rien. Le symbole de l'entertainment mondial, global, uniforme, ne ridiculise pas le personnage (nous ?), clown triste-esclave peut-être même greffé : il le rend, il se rend - nous rend - juste pitoyables.

Un cœur, posé sur une table. Le personnage l'a-t-il abandonné volontairement ici, à la maison, parti rejoindre son travail ou sorti tout simplement dans la rue ? Il le retrouvera à son retour, en espérant qu'il n'ait pas été encore un peu plus abîmé entretemps.

Une croix mystique, peut-être, sur un fond jaune explosif, comme si on pénétrait soudain la psyché d'un illuminé, découvrait son obsession inquiétante, morbide même. Leurs rangs ne cessent-ils pas de grossir, à ceux-là, en ces temps agités ? Ailleurs, la croix encore, aux proportions parfaites mais, cette fois, le fond est devenu rouge-sang et, il ne s'agit pas de la neutralité Suisse...

On se sent soudain observé et pour cause : des yeux, cachés derrière un paravent indistinct et sombre (les réseaux sociaux ? Le net en général ? Les autres?), nous guettent. Leurs pupilles sont dilatées, ils paraissent gourmands du spectacle que nous leur offrons, nous, les exhibitionnistes inconscients ou volontaires qui prenons subitement conscience des intentions malsaines.

Un visage sans cheveux, toujours le même, modèle ersatz vieilli du peintre, de son inconscient, les paupières closes, comme en coupes, comme passé à la radio. Comme en recherche de son unité perdue, de ses secrets trop lourds, de sa conscience perdue dans ce monde-tourbillon, de cette existence-trou noir.

Un avant-bras et une main tendue, comme tranchés. Détachés du reste du corps, invisible. Est-ce celle de 'La Création d'Adam', de Michel-Ange ? Elle y fait songer. Mais, comme déjà dit : le reste du divin corps a disparu. Comme envolé. Inutile désormais. La fusion ne peut plus fonctionner : les morceaux sont épars. Débrouillez-vous.

Un ciseau chirurgical, gynécologique peut-être, à la pointe diaboliquement inquiétante car tordue. Dans quelle part de nos chairs cet instrument se plonge-t-il ? Dans quel but ? Le but de l'unité : la quête permanente de nos recherches confuses. Ici l'image est simple, froide, médicale. Comme beaucoup des œuvres de l'artiste : elles n'en sont que plus violentes et interrogeantes.

L'exposition s'appelle 'Fictions'. On comprend vite pourquoi.

Exposition 'Fictions' du 4 déc. au 4 janv. Galerie Nivet-Carzon 2, rue Geoffroy l'Angevin Paris 4. D'Erwann Tirilly

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Peinture Erwann Tirilly

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