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Les gestionnaires


La parole de Mr Hollande, président de la République, n'a quasiment plus aucun poids.

Ses ministres, 'frondeurs' en papier ou simples carriéristes, à peine sortis de ses gouvernements successifs, lui lancent en pleine face des scuds littéraires ou oratoires à tout va, au nom - bien sûr - de la défense des intérêts français (qu'ils ont découvert subito - révélation ! - dès la perte de leur maroquin et voitures de fonction).

L'absence d'autorité au sommet de l'Etat devient insupportable pour tous, toutes opinions politiques confondues.

Certes, le peuple gaulois est râleur, indiscipliné, contradictoire et lunatique mais, il ne tolère pas la faiblesse et le flou chez ses dirigeants, surtout dans ce monde en proie aux pires folies et instabilités.

Comment, face à ce brouhaha qui vire au grotesque, ne pas songer à l'autorité d'un Mitterrand impassible ? Un léger mouvement hautain du sourcil gauche, un pincement de lèvres et les élites, le doigt sur la couture, tremblaient, les journalistes se lançaient dans maintes tentatives d'interprétation des décisions à venir selon le mouvement de l'arcade présidentielle. Admiré ou haï, au moins tenait-il encore les rênes; au moins, nous le laissait-il croire et, avouons le, ceci était rassurant.

Depuis, depuis...

Chirac, hormis la décision de ne pas engager de forces en Irak, la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat Français sous l'Occupation, le maintien d'un héritage droite-sociale et la construction du Musée du Quai Branly, ma foi...

Sarkozy, com', bruit, clientélisme, tout et son contraire selon les besoins , a essentiellement laissé le sentiment aux gens d'être spectateurs de l'ascension sociale d'un seul homme : lui. Et qui, pour finir de dresser sa propre statue personnelle, rêve de revenir en plus, quitte à dire n'importe quoi selon les voix que cela peut lui rapporter.

Et Hollande, que dire ? Qu'en dire ? Attendons la fin du quinquennat avant d'être définitif mais, rares sont ceux qui ne sentent pas encore la vacance du pouvoir...

Point de nostalgie pourtant ici (rien de plus dangereux que la personnification du pouvoir si elle n'est pas solidement encadrée, bien entendu) pour le monarque républicain qui déclara un jour, paraît-il :

- " Après moi, il n'y aura plus que des gestionnaires. "

Et en plus, pourrait-on la finir, si cette sentence est vraie : ils sont mauvais.

Mais, cette phrase paraît d'autant plus crédible et prémonitoire qu'il a été l'un des principaux artisans du transfert de souveraineté de la France. L'idée européenne " peuples unis, la guerre plus jamais ça, etc... " servant de prétexte à un ramollissement effroyable des pouvoirs nationaux (mais, le but n'était-il celui-ci dès le départ pour les Américains qui, après la Libération, lassés de leur seconde intervention et n'hésitant jamais à tirer profit commercial de leur position de force - ah, le libéralisme... - ont soufflé l'idée originelle de Marché Commun - pour commencer ?) Et, logique : de celui des dirigeants.

Sans parler du reste de la classe politique (tiens, Mr Fillon vire vers la droite de la droite pour sortir de l'affaire Jouyet, sûr, pour l'intérêt, aussi, de la France et de ses habitants, nul doute permis...)

Allumer une chaîne d'information et entendre Mme Alliot-Marie, Mr Woerth entre autres, parangons de vertu depuis peu, distribuer bons et mauvais points au pouvoir en place (c'est la grande boucle, en somme; devra-t-on attendre le changement de majorité pour apercevoir Mr Cahuzac en chroniqueur permanent ?)

Écouter Mr Juncker, nouveau président de la Commission Européenne et ancien premier ministre du grand Duché Luxembourgeois (...) faire la morale sur l'évasion fiscale depuis le bout du monde.

Lire Mr Moscovici (Canard Enchaîné), tout frais commissaire européen aux affaires économiques et financières, chanter son admiration pour les " processus d'ajustement " (autrement dit : cette imposition aux pays endettés de faire de drastiques cures d'austérité, aux peuples - Grec, par exemple - de serrer les dents), ces mêmes processus qu'il fustigeait lorsqu'il n'était alors 'que' ministre français (et socialiste, paraît-il) de l'économie. L'écologie ?

Mme Royal se débat mais, tout dépend de Bruxelles.

Le Social ?

Le Commerce ?

L'Education ?

Ceci ?

Cela ?

Faut voir Bruxelles avant et, comme Bruxelles et Berlin sont libérales (car l'Europe sans la France, cela s'appelle l'Allemagne), les Socialistes français ne peuvent plus (même pas qu'ils ne le veulent plus !) être Socialistes.

Vrai problème lorsqu'on a été élu sur un programme... Socialiste par celui qui devrait en démocratie n'être que le seul vrai maître : le peuple.

Le peuple qui, lui, taxe après taxe (non, non, n'employez pas le mot 'impôt', il n'est pas beau !), se débrouille comme il peut.

Une journée à Paris et, combien de SDF laissés à l'abandon croisez-vous ? Comptez-les, pour voir.

Les dossiers de surendettement, à cause de ces infamies de prêts revolving toujours autorisés ("libre concurrence", a dit la Commission), n'en finissent plus de détruire vies et familles.

L'aigreur, le communautarisme, l'intégration en panne, le racisme, l'agressivité, le sectarisme, l'intolérance, l'absence de solidarité, de vision (combien de jeunes qui partent vers l'étranger ?), l'abandon de plus en plus fréquent de services publics fondamentaux, le retour en fanfare de la religion la plus réac en République laïque, le vivre-ensemble qui s'effrite à vitesse grand V, l'ultra-libéralisme caché qui se goinfre sur le dos des plus faibles, le repli vers les mondes virtuels plutôt que vers les autres et, qu'entend t-on lorsqu'on lit ou écoute la classe politique jamais renouvelée ?

-" Tout dépend de Bruxelles ", " ceci est autorisé ", " cela non, on ne peut rien faire ", etc...

J'étais europhile. Je deviens euro-sceptique face à l'indifférence aux peuples européens, de leurs vraies vies et problèmes, de la part de leurs dirigeants lobotomisés.

Car, qui, franchement, honnêtement, en France, peut aujourd'hui répondre à cette question :

qui détient réellement le pouvoir ? Qui ?

Pendant que nos élites se gargarisent entre elles avec leurs éléments de langage, rêvant comme de vulgaires arrivistes à leurs plans de carrière personnelle, que certains qui se croient révolutionnaires n'ont que les mots " VIeme République " en bouche (pour y mettre quoi ? Avec le même personnel ?) et que, nous, nous nous débrouillons tant bien que mal au quotidien, deux dangereuses muettes se tiennent prêtes :

-la présidente du FN et sa sœur jumelle qui n'exprime que le même désarroi et la perte totale de crédibilité du politique français :

-l'abstention.

Qu'attendons-nous pour remuer ces politiques amorphes ? Pour remettre tout à plat avant la catastrophe ? Pour oser, aussi, enfin, surtout, questionner ouvertement cette construction européenne-là qui nous a transformés en vassal impuissant ? Pour obtenir réponse à la simple question :

où est le pouvoir ?

Que la gauche ou la droite française soit au pouvoir en France, où est-il vraiment ?

Car, je ne suis pas devin, je ne sais sous quelle forme ni quand mais, une chose est certaine : le tremblement de terre aura bien lieu. Et, alors, il sera trop tard pour se cacher les yeux.

@Copyright Tous droits réservés Frédéric L'Helgoualch

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