L'écologie en France
Le Parc national des Calanques vient d'autoriser le producteur d'alumine Alteo à poursuivre ses rejets d'eaux usées (poétiquement nommées " les boues rouges "...) en son cœur, au large de Cassis, dans un canyon sous-marin de 2400 m.
Tant pis pour les daurades, les girelles et autres congres : de toute façon, 50 ans que l'usine (anciennement Péchiney) leur apporte de force et en continu ces compléments alimentaires inédits que sont l'aluminium, le fer et l'arsenic. - " Il est frais, mon poisson, il est frais ! " pourrait lancer le marchand Ordralfabétix sans craindre de se ramasser des baffes. Fraîchement pêché, certainement; pour le reste...
Après tout, pieuvres et poiscaille savaient bien où ils donnaient de la nageoire ou de la tentacule en se risquant dans la région : la Méditerranée est devenue la plus grande poubelle marine d'Europe. La bouillabaisse, à présent, doit avoir comme un arrière goût de plastique. Des technologies existent, bien sûr, pour abaisser sérieusement la nocivité de ces rejets mais, que voulez-vous, " c'est la crise, ma pov' dame, ça coûte cher, c'est pas trop le moment, etc, etc... "
Le problème étant : arrivera-t-il seulement un jour, " le moment " ? Aux premières murènes phosphorescentes, peut-être. Et encore... Une nouvelle attraction pour les plongeurs du dimanche ?
L'argument qui a mené à cette décision est le même que d'habitude : l'emploi. Bien entendu, il ne s'agissait pas de pousser (surtout en ce moment) cette entreprise à la fermeture, à jeter au chômage des centaines de salariés au nom d'un idéal (qui fait hurler " bobos ! " aux contempteurs des idées écolos). Sans doute n'y avait-il pas d'autre solution immédiate dès lors que la direction refusait de mettre en place les dites techniques (à quand une contrainte légale pour ce type d'entreprise ? N'y va-t-il pas du bien commun et, à plus long terme, de la santé publique ?) Mais, cette rengaine, cette opposition systématique entre emploi et écologie, entre compétitivité industrielle et protection de la nature devient fatigante.
Au-delà de cet exemple du jour, quelqu'un a-t-il la moindre idée de la vision à long terme de nos gouvernants concernant la protection environnementale (qui n'est plus un idéal mais, une nécessité vitale dorénavant) ?
Personne, car il n'y en a pas.
Plus de souveraineté, plus de vision, plus que de la gestion au quotidien et des mots, des mots, des mots pour faire illusion. Comme dans les autres domaines (ils sont de toute façon tous imbriqués et dépendants les uns des autres, sans même parler de Bruxelles), c'est de l'à-peu-près-dirigé-vers.
Mr Sarkozy lançait en 2007, avec son ministre Jean-Louis Borloo, le prometteur Grenelle de l'environnement. On allait voir ce qu'on allait voir : - essor des énergies renouvelables - agriculture repensée - rénovation intelligente des bâtiments - primes aux précurseurs etc, etc... 3 ans plus tard, le 6 mars au Salon de l'Agriculture, à peine les lois et les décrets finalisés et certains votés (ce qui ne signifie pas appliqués), le même président : - " L'écologie, ça commence à bien faire ! " Cochons bretons, dormez sur vos deux oreilles... Et tant pis pour celui qui, pariant sur un boom miraculeux, s'était converti entretemps en vendeur de panneaux solaires. Il aurait dû se douter, avec ces pouvoirs désormais uniquement peuplés de politiciens, que, au delà de la com' et des besoins électoraux du moment, il ne fallait pas espérer une vision à trop grande échelle.
Mr Hollande, pendant sa campagne, ne reculait pas devant une danse du ventre intéressée pour attirer les Verts, touchant même au grand tabou : le nucléaire. Il faut dire que c'était l'année de Fukushima...
Aujourd'hui, que reste-t-il des discours ?
La promesse d'abaissement du nucléaire à 50% paraît loin. La date effective ne cesse de reculer, reculer, reculer... Les 'emplois verts' pour lutter contre le chômage, personne ne sait exactement de quoi il s'agit. Les loups, les ours, on tentait de les réintroduire voici quelques années, en bonne intelligence avec les éleveurs. Désormais : demi-tour, toute ! Bon. Comprenne qui pourra... Une taxe diesel vite abandonnée (conséquence directe de ce mouvement perpétuel de girouette idéologique et sans envergure : pousser les gens pendant des années à acheter des véhicules diesel pour ensuite, soudain, les taxer car, en fait, c'est polluant, c'est pas bien). Une éco-taxe mal ficelée et également retirée. Les gaz de schiste : c'est non pour l'instant mais, mais.... Etc, etc...
Les Verts, eux, s'ils ont des solutions, ils sont inaudibles, pris dans leur cacophonie nombriliste habituelle, trop occupés à se demander s'ils vont rentrer, sortir, re-rentrer au gouvernement.
Pendant que les parleurs parlent, que les doux rêveurs rêvent et que les ambitieux changent de pied, la désormais toute puissante Bruxelles laisse entrer OGM et pesticides en nous expliquant que, business is business et que, ma foi, nous ferions mieux de grandir un peu.
Les solutions, je ne les ai pas. Je tenais simplement, quidam lambda, tout en grignotant mon épi de maïs Monsanto, à partager avec vous cette exaspération de voir nos terres, mers et ciel foutus en l'air. Ma honte, aussi, de constater l'indifférence de nos industriels et la fatuité de nos politiciens qui, à défaut de politique sensée, n'ont plus que des vents contraires à nous offrir.
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