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Mr Sarkozy & les mémoires flanchantes

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Agiter mon stylo en l'air ne me garantit pas un destin à la Romain Gary. Pas plus que de se peindre cathodiquement en sauveur de la nation ne métamorphose-t-il en de Gaulle Mr Sarkozy.

Celui-ci, semble-t-il, rêve d'un retour salvateur. Mais, salvateur pour qui ? Le problème est bien là : pour la France et les Français ou pour le citoyen-justiciable lambda qu'il est redevenu ?

Difficile, lors de son dernier passage télévisé au sein de deux médias fort peu hostiles (l'un appartenant à son 'frère', l'autre au parrain d'un de ses enfants), de ne pas se pincer en l'entendant déclarer, grinçant, " regarde(r) l'état de la France avec consternation ".

En deux ans, pourrait-on croire à l'écouter, le pouvoir socialiste a lancé une vaste opération de démolition réfléchie et systématique du pays, de la famille, des mœurs, etc... Chaque matin, les ministres doivent se lever en se demandant comment augmenter le chômage et brader les bijoux de la famille nationale.

Au-delà des désaccords légitimes avec la politique menée mais, à défaut d'arguments et d'exemples percutants, perce la fumisterie habituelle d'une droite revancharde qui entonne le même couplet à chaque fois qu'elle perd les élections et que la gauche accède aux affaires : procès en incompétence, voire en illégitimité. Entonnée par des seconds couteaux du paysage politique, cette ritournelle, à défaut d'être intelligente, est classique. Sortant de la bouche de l'ancien président de la République, remercié par le peuple voici à peine deux ans, à défaut de sonner comme une alarme sérieuse et solennelle, elle claque comme une preuve supplémentaire d'un opportunisme et d'un culot guère admirables (dans le milieu des affaires, ils le seraient. En politique, gestion et travail à la progression de l'intérêt général : non).

Les gens, dit-on, n'ont aucune mémoire politique. Peut-être. Sauf que, deux ans : c'est encore chaud.

Combien de temps Mr Sarkozy a-t-il eu les leviers en mains ? Quel bilan époustouflant laisse-t-il dans les livres d'Histoire (mettons l'habilité à utiliser les médias, les sondages et toute autre forme de com à part) ? En tant que ministre, ministre d'Etat puis président de la République ? Qu'en a-t-il fait ?

Je me souviens du bouclier fiscal.

Du Fouquet's et de son élite euphorique.

De la tente de feu-Khadafi plantée à Paris, telle une verrue insultante (certes, Benghazi et les infirmières Bulgares également mais, justement : que de changements de pied !)

De la baisse de la délinquance affirmée bruyamment sur les plateaux, le menton haut, mais démentie par les chiffres.

La réforme de la carte judiciaire effectuée à la hussarde.

Les nouvelles lois promises et bricolées au jour le jour, selon la page " faits divers " du Parisien mais, jamais suivies d'effets.

" L'ouverture " à gauche (simple débauchage de quelques girouettes idéologiques, fort compatibles avec le Sarkozisme triomphant) suivie brutalement, sans plus de justifications apportées à ce retournement aberrant que celles de la grande influence d'un conseiller de l'ombre venu de l'extrême-droite (très écouté, donc mais, très à l'écoute également) et d'un calcul électoral à courte vue, tout axé sur l'ambition et l'intérêt particulier d'un homme et non d'une société, d'une course de fond derrière le FN et ses idées nauséabondes (facteur déterminant de la porosité actuelle entre les deux formations).

Le retour de la France dans le commandement de l'OTAN, enterrement sans couronne de l'héritage gaullien.

Le parc Disneyland en une de toutes les gazettes, photos 'volées', minauderies publiques et entrée, puisque le chef l'a fait, des ministres dans la peopolisation sans retour.

L'ultra activité et le désir de tout contrôler, humiliant ainsi publiquement ses 'collaborateurs'.

Agitation, bruit, ego.

Pas de vision à long terme présentée pour la France à ses habitants; pas de réforme structurelle majeure (oui, les heures défiscalisées mais : un peu court pour atteindre l'immortalité historique, non ?)...

Ses groupies et ses fidèles lieutenants rappellent la crise, le maintien du navire France dans la tempête. Le Prix Nobel avait même été évoqué un temps par certains, peu effrayés par le ridicule. D'avoir tenu le cap ? N'est-ce pas le moins que l'on est en droit d'attendre - d'exiger - du dirigeant, quelle que soit son étiquette de départ ? C'est même la définition de son job.

Je ne suis pas encarté, suis le premier déçu par l'action de la gauche.

Je désespère du peu de charisme de Mr Hollande, de l'impression brouillonne donnée par le gouvernement. Du manque, encore, ici aussi, d'allant, d'esprit conquérant, de vision globale et à long terme.

Les causes de cette faiblesse affligeante du politique et de sa coupure avec les vraies attentes du peuple sont certainement ailleurs que dans l'habituel clivage gauche-droite.

Que la droite propose, se renouvelle ! Que la gauche se réveille et se bouge !

Car la colère, et ceci, oui, est vrai, gronde; les Français se lassent de ces cadavres exquis joués en petits comités et qui, au final, influencent leur vie quotidienne à l'aveugle.

Mr Sarkozy a autant le droit qu'un autre d'y prendre part, à cette réflexion générale sur le politique et son pouvoir, sur ce qu'il faudrait faire et ne pas faire pour le bien et l'avenir du pays.

Mais, ce soir-là, devant mon téléviseur, l'écoutant tirer à vue sur l'institution judiciaire qui a l'audace de faire son travail, lui, l'ancien garant des institutions justement, il s'est définitivement décrédibilisé à mes yeux. Certains ont parlé de berlusconisation.

Moi, j'ai surtout eu l'impression qu'il tentait de nous refaire le remake de " Jonathan Livingston le goéland " , libre et sans maître mais, qu'au final, il faisait surtout songer au " Bûcher des Vanités. "

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